Ce haut rang n’appartient qu’à l’illuſtre Antigone.
Antigone
Il me tarde déjà que vous ne l’occupiez :
La couronne eſt à vous.
Créon
Je la mets à vos pieds.
Antigone
Je la refuſerais de la main des dieux meſme,
Et vous oſez, Créon, m’offrir le diadème !
Créon
Je ſais que ce haut rang n’a rien de glorieux
Qui ne cède à l’honneur de l’offrir à vos yeux.
D’un ſi noble deſtin je me connais indigne ;
Mais ſi l’on peut prétendre à cette gloire inſigne,
Si par d’illuſtres faits on la peut mériter,
Que faut-il faire enfin, Madame ?
Antigone
M’imiter.
Créon
Que ne ferais-je point pour une telle grace !
Ordonnez ſeulement ce qu’il faut que je faſſe :
Je ſuis preſt…
Antigone, en s’en allant.
Nous verrons.
Créon, la ſuivant.
J’attends vos lois icy.
Antigone, en s’en allant.
Attendez.
Attale
Son courroux ſerait-il adouci ?
Croyez-vous la fléchir ?
Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome1.djvu/93
Cette page n’a pas encore été corrigée