54i FRAGMENS
« moeurs d'un Pcrfonnage , Air-tout lorfqu'il n'cfi: pas
35 connu.
33 L'on trouve étrange qu'elle paroifTe fur le Thcâ- 33 trc après la mort de Britannicus. Certainement la 33 délicatcfle cft grande de ne pas vouloir qu'elle difc 33 en quatre vers afîcz touchans qu'elle palTe chez 33 Ociavie. Mais , difent-ils , cela ne valoit pas la peine 53 de la faire revenir ; un autre l'auroit pu raconter 33 pour elle. Ils ne 'favent pas qu'une des règles du 33 Théâtre eft de ne mettre en récit que les chofes qui 33 ne fe peuvent pafTer en adtion; Se que tous les An- 33 ciens font venir fouvent fur la Scène des Adeurs 33 qui n'ont autre chofe à dire , finon qu'ils viennent 33 d'un endroit , Se qu'ils s'en retournent en un autre.
33 Tout tela eft inutile , difent mes Ccnfeurs. La 33 Pièce cft finie au récit de la mort de Britannicus, Se 33 l'on ne devroit point écouter le refte. On l'écoute 33 pourtant , & même avec autant d'attention qu'au- 33 cune fin de Tragédie. Pour moi j'ai toujours con> 33 pris que la Tragédie étant l'imitation d'une action 33 complette^où pluficurs perfonnes concourent, cette 33 aftion n'eft point finie, que l'on ne fâche en quelle 33 Situation elle laifTe ces mêmes perfonnes. C'eft ainfi 33 que Sophocle en ufe prefque par-tout. C'eft ainfî 30 que dans l'Antigone il emploie autant de vers à re- 33 préfenterla fureur d'Hémonôc la punition de Créon 33 après la mort de cette PrincefTe , que j'en ai em- 33 pîoyés aux imprécations d-Agrippine , à la retraite 33 de Junie , à la punition de Narcifle , & au défefpoir 33 de Néron, après la mort de Britannicus.
33 Que faudroit-il faire pour contenter des juges fi 33 difficiles ? La chofe feroit aifée , pour peu qu'on vou- 33 lût trahir le bon fcns. II ne faudroit que s'écarter du 33 naturel pour fe jetter dans l'extraordinaire. Au lieu 33 d'une adion fimple , chargée de peu de matière, 33 telle que doit être une action qui fe pafte en an féal >3 jour, Se qui s'avançant par dégrés vers fa fin, n'efl »3 foutenue que par les intérêts , les fcntimcns Se les
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