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 lecteur me permettra de luy demander un peu plus d’indulgence pour cette pièce que pour les autres qui la ſuivent ; j’étais fort jeune quand je la fis. Quelques vers que j’avais faits alors tombèrent par haſard entre les mains de quelques perſonnes d’eſprit ; elles m’excitèrent à faire une tragédie, & me proposèrent le ſujet de la Thébaïde. Ce ſujet avoit été autrefois traité par Rotrou, ſous le nom d’Antigone. Mais il faiſçait mourir les deux frères dès le commencement de ſon troiſième acte. Le reſte était, en quelque ſorte, le commencement d’une autre tragédie, où l’on entroit dans des intéreſts tout nouveaux ; & il avoit réuni en une ſeule pièce deux actions différentes, dont l’une ſert de matière aux Phénicyennes d’Euripide, & l’autre à l’Antigone de Sophocle. Je compris que cette duplicyté d’action avoit pu nuire à ſa pièce qui, d’ailleurs, étoit remplie de quantité de beaux endroits. Je dreſſai à peu près mon plan ſur les Phénicyennes d’Euripide. Car pour la Thébaïde qui eſt dans Sénèque, je ſuis un peu de l’opinion d’Heinſius, & je tiens, comme luy, que non ſeulement ce n’eſt point une tragédie de Sénèque, mais que c’eſt plutoſt l’ouvrage d’un déclamateur qui ne ſavoit ce que c’étoit que tragédie.

La cataſtrophe de ma pièce eſt peut-eſtre un peu trop ſanglante. En effet, il n’y paraît preſque pas un acteur qui ne meure à la fin. Mais auſſi c’eſt la Thébaïde, c’eſt-à-