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D* ANDRO MAQUE. jjç

« Mais v^titabkiueiic mes Perfonnagcs fbnt fi fa- M mcux dans l'antiquicc, que, pour peu qu'on lacoa- jj noifle, on verra tort bien que je les ai rendus tele » que les anciens Poètes nous les ont donnés. Auflî- J3 n'ai-jc pas penfé qu'il me fût permis de rien changer M à leurs mœurs. Toute la liberté que j'ai prife , c'a 33 été d'adoucir un peu la férocité de Pyrrhus, queSc- i3 ncque dans fa Troade , Se Virgile dans le fécond li- 33 vre derEnéïde,ontpouiréc beaucoup plus loin qua >3 je n'ai cru le devoir faire.

>3 Encore s'eft-il trouvé des gens qui fc font plaints J3 qu'il s'emportât contre Andcomaquc , & qu'il vou- as lut époufcr cette Captive , à quelque prix que ce fût. 33 J'avoue qu'il n'eft pas ailèz rcligné à la volonté de 33 fa Maîtrelie, & que Céladon a mieux connu que lui 33 le parfait amour. Mais que faire î Pirrhus n'avoic 33 pas lu nos Romans. Il étoit violent de fon naturel; 33 oc tous les Héros ne font pas faits pour être des Ce- » ladons.

33 Quoi qu'il en foît , le public m'a été trop fovora-» jjblc, pour m'embarraflèr du chagin particulier de 33 deux ou trois perfonnes qui voudroient qu'on ré- 33 formât tous les Héros de l'Antiquité , pour en faire >3 des Héros parfaits. Je trouve leur intention fort 33 bonne , de vouloir qu'on ne mette fur la fcène que 33 des hommes impeccables. Mais je les prie de fe fou- 33 venir que ce n'eft pas à moi de changer les règles » du Théâtre. Horace nous recommande de dépein- 33 dre Achille farouche, inexorable, violent, tel qu'il 33 étoit, & tel qu'on dépeint fon fils. Et Ariftote , 33 bien éloigne de nous demander des Héros parfaits , 33 veut au contraire que les perfonnagcs tragiques» 33 c'cft-à-dirc , ceux dont le mallieur fait la cataftro-. 33 phe de la Tragédie , ne foicnt ni tout-à-fait bons » •3 ni tout-à-fait méchans. Il ne veut pas qu'ils foienc » extrêmement bons , parce que la punition d'ut% 33 homme de bien excitcroit plutôt l'indignation que 3) la pitié du Spc^ateur; aiqu'tit foicm méchans avec

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