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TRAGÉDIE. tUy

Mais CCS mêmes malheurs qui l'en ont écarte, ics honneurs abolis , fou palais défcrté , La fuite d'une Cour que fa chute a bannie. Sont autant de liens qui retiennent Junie. Tout ce que vous voyci confpirc à vos dé/îrs; Yos jours, toujours fcreins, coulent dans les plaifîrsj L'empire en cft pour vous l'inépuifablc fource: Oa , li quelque chagrin en interrompt la courfe , Tout l'Univers, foigncux de les entretenir, S'eaiprdîè à l'effacer de votre fouvenir. Britannicus eft feul. Quelque ennui qui le preflè, Il:ùc voit, dans fon fort, que moi qui s'intérelie ; Et n'a pourtour plaiiir. Seigneur, que quelques pleurs» Qui lui font quelquefois oublier Ces malheurs,

Néron. Et ce font ces plaillrs & ces pleurs que j'envie; Que tout autre que lui me payeroit de fa vie , Mais je garde à ce prince un traitement plus doux. Madame j il va bien-tôt paroître devant vous. - •

Junie, Ah, Seigneur, vos vertus m'ont toujours rallurce.

Néron. Je pou vois de ces lieux lui défendre l'entrée ^ Mais, Madame , je veux prévenir le danger Où fon rellentimcnt le pourroit engager. Je neveux point le perdre ; il vaut mieux que lui-même Entende fon arrêc de la bouche qu'il aime. Si Ces jours vous font chers, éloigncz-Ie de vous. Sans qu'il ait aucun lieu de me croire jaloux. De fon bannilFemcnt prenez fur vous l'off'enfe ; ' Et, foit par vos difcours , foit par votre filcncc. Du moins , par vos froideurs, faites lui concevoir Qu'il doit porter ailleurs fcs vœux 2c fon efpoir.

J y H I £• Moi, que je lui prorionce un artct Ci févcrcî Ma bouche mille fois lui jura le contraire. Quand même jufqucs-là je pourrois me trahir. Mes yeux lui défendront. Seigneur, de m'obéïr.

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