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TRAGÉDIE. 27Î

SCENE IV. BRITANNICUS, NARCISSE.

BR-ITANNICUS.

JL/ A croirai-je , Narcifîc î Et dois-je , fur fa foî , La prendre pour arbitre entre fon fils &: moi ? Qu'en dis-tu ? N'elVce pas cette même Agrippine, Que nton père époufa jadis pour ma ruine; Et qui , Il je t'en crois , a de £qs derniers jours , Trop lents pour ks defFcins , précipité le cours ?

N.A R C I s s E.

N'importe. Elle fe fent comme vous outragée.

A vous donner Junie elle s'eft engagée.

Unifiez vos chagrins ; liez vos intérêts.

Ce palais retentit en vain de vos regrers.

Tandis qu'on vous verra , d'une voix fuppliante.

Semer ici la plainte , & non pas l'épouvante ;

Que vcs reflèntimens fe perdront en difcours ,

II n'en faut pas douter, vous vous plaindrez toujours.

Britannicus. Ah , NarclHc , tu fais (î de la fervitude Je prctens faire encore une longue habitude î Tu fais fi pour jamais, de ma chute étonné , Je renonce à l'Empire , où j'étois dcftiné. Mais je fuis feu! encor. Les amis de mon père Sont autant d'inconnus que glace ma mifèrc. Et ma jeunefie même écarte loin de moi Tous ceux qui , dans le cœur , me réfervent leur foi. Pour moi, depuis un an , qu'un peu d'expérience M'a donné de mon fort la trifte connoifiance , Que vois- je autour de moi , que des amis vendus. Qui font de tous mes pas les témoins affidus;

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