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tre du malheur un modèle accompli. Hé bien ! je meurs content, et mon sort est rempli. Où sont ces deux amants ? Pour couronner ma joie, Dans leur sang, dans le mien, il faut que je me noie ; L’un et l’autre en mourant je les veux regarder : Réunissons trois cœurs qui n’ont pu s’accorder… Mais quelle épaisse nuit tout à coup m’environne ? De quel côté sortir ? D’où vient que je frissonne ? Quelle horreur me saisit ! Grâce au ciel j’entrevoi… Dieux ! quels ruisseaux de sang coulent autour de moi !

Pylade

Ah ! Seigneur !

Oreste
 xxxxxxxxxxxxxxxx Quoi ? Pyrrhus, je te rencontre encore ?

Trouverai-je partout un rival que j’abhorre ? Percé de tant de coups, comment t’es-tu sauvé ? Tiens, tiens, voilà le coup que je t’ai réservé. Mais que vois-je ? À mes yeux Hermione l’embrasse ! Elle vient l’arracher au coup qui le menace ? Dieux ! quels affreux regards elle jette sur moi ! Quels démons, quels serpents traîne-t-elle après soi ? Eh bien ! filles d’enfer, vos mains sont-elles prêtes ? Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? À qui destinez-vous l’appareil qui vous suit ? Venez-vous m’enlever dans l’éternelle nuit ? Venez, à vos fureurs Oreste s’abandonne. Mais non, retirez-vous, laissez faire Hermione : L’ingrate mieux que vous saura me déchirer ; Et je lui porte enfin mon cœur à dévorer.

Pylade

Il perd le sentiment. Amis, le temps nous presse. Ménageons les moments que ce transport nous laisse. Sauvons-le. Nos efforts deviendraient impuissants S’il reprenait ici sa rage avec ses sens.


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