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Pyrrhus m’a reconnu, mais sans changer de face : Il semblait que ma vue excitât son audace, Que tous les Grecs, bravés en leur ambassadeur, Dussent de son hymen relever la splendeur. Enfin, avec transport prenant son diadème, Sur le front d’Andromaque il l’a posé lui-même : " Je vous donne, a-t-il dit, ma couronne et ma foi ! Andromaque, régnez sur l’Epire et sur moi, Je voue à votre fils une amitié de père ; J’en atteste les dieux, je le jure à sa mère : Pour tous mes ennemis je déclare les siens, Et je le reconnais pour le roi des Troyens." À ces mots, qui du peuple attiraient le suffrage, Nos Grecs n’ont répondu que par un cri de rage ; L’infidèle s’est vu partout envelopper, Et je n’ai pu trouver de place pour frapper. Chacun se disputait la gloire de l’abattre, Je l’ai vu dans leurs mains quelque temps se débattre, Tout sanglant à leurs coups vouloir se dérober, Mais enfin à l’autel il est allé tomber. Du peuple épouvanté j’ai traversé la presse Pour venir de ces lieux enlever ma princesse, Et regagner le port, où bientôt nos amis Viendront couverts du sang que je vous ai promis.

Hermione

Qu’ont-ils fait !

Oreste
 xxxxxxxxxxxxxxxx Pardonnez à leur impatience :

Ils ont, je le vois bien, trahi votre vengeance. Vous vouliez que ma main portât les premiers coups, Qu’il sentît en mourant qu’il expirait pour vous ; Mais c’est moi dont l’ardeur leur a servi d’exemple : Je les ai pour vous seule entraînés dans le temple, Madame, et vous pouvez justement vous flatter D’une mort que leurs bras n’ont fait qu’exécuter. Vous seule avez poussé les coups…

Hermione
 xxxxxxxxxxxxxxxx Tais-toi, perfide,