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104 ALEXANDRE,

Mais vous, s'il «toit vrai que fon ardeur guerrière Eût ouvert à la votre une illuftre carrière , Que n'avez- vous, Seigneur, dignement combattu? Falloit-il par la rufe attaquer fa vertu ? Et y loin de remporter une gloire parfaite > DHin autre que de vous attendre fa défaite? Triomphez. Mais fâchez que Taxile, en fon cœur. Vous difpute déjà ce beau nom de vainqueur; Que le traître fe flatte, avec quelque juftice. Que vous n'avez vaincu que par fon artifice : Et c'eft à ma douleur un fpcftacle allez doux , De le voir partager cette gloire avec vous.

Alexandre. En vain votre douleur s'arme contre ma gloire. Jamais on ne m'a vu dérober la vidtoire ; Et par ces lâches foins, qu'on ne peut m'iraputcr. Tromper mes ennemis au lieu de les domter. Quoique par-tout, ce femble , accablé fous le nombre. Je n'ai pu me réfoudre à me cacher dans l'ombre : Ils n'ont de leur défaite accufc que mon bras j Et le jour a par-tout éclairé mes combats. Il eft vrai que je plains le fort de vos provinces ; J'ai voulu- prévenir la perte de vos princes ; Mais, s'ils ^voient fuivi mes confeils & mes vœux. Je les aurois fauves, ou combattus tous deux. Oui, croyez

A X I A K E.

Je crois tout. Je vous croîs invincible ; Mais, Seigneur, fufiît-il que tout vous foit poffible? Ne tient-il qu'à jetter tant de rois dans les fersî Qu'à faire impuném.ent gémir tout l'univers ? - Et que vous avoient fait tant de villes captives , Tant de morts dont l'Hydafpe à vu couvrir Ces rives î Qu'ai-je fait, pour venir accabler en ces lieux Un héros fur qui feul j'ai pu tourner les yeuxî A-t-il de votre Grèce, inondé les fioritièrcs? Avons-nous foulevé des nations entières.

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