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ſur la vie de Jean Racine.

l’envi leur zèle. Chapelain qui préſidoit alors au Parnaſſe, & que le jeune Racine avoit conſulté ſur ſon Ode, parla ſi avantageuſement à M. Colbert, & de l’Ode, & du Poëte, que ce Miniſtre envoya au jeune Racine cent louis de la part du Roi ; & le mit peu de temps après ſur l’état pour une penſion de 600. livres.

Ce premier ſuccès n'ayant ſervi qu’à l’attacher davantage à la Poëſie, le rendit ſourd à toutes les propoſitions qui lui furent faites pour l’engager d’abord dans la carrière du Barreau, & enfuite dans l’état de chanoine régulier, où le père Sconin, ſon oncle maternel & ancien abbé de ſainte Geneviève, cherchoit à l’attirer pour lui réſigner un bénéfice qu’il avoit dans le diocèſe d’Uzès. Quelque complaiſance pour cet oncle avoit cependant fait commencer à Racine, auprès de lui à Uzès, l’étude de la Théologie. Mais à la compagnie de cet oncle & de ſaint Thomas, il joignoit celle de Virgile & de l’Arioſte : il étudioit la langue Françoiſe : il n’oublioit point les Poëtes Grecs, & il prit dès-lors dans Euripide le ſujet de la Thébaïde, qu’il avança beaucoup, avant que d’avoir abandonné la Théologie.

Etant revenu à Paris au plûtard en 1664, il y fit connoiſſance avec Molière ; il acheva la Thébaïde, & il fit paroître, ſon Ode intitulée la Renommée aux Muſes, qu’il porta à la Cour, où le Roi le récompenſa par une gratification de 600 livres. Cette gratification qui lui fut enfuite continuée tous les ans, ſous le titre

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