Je meurs si je vous perds, mais je meurs si j’attends.
Songez-y : je vous laisse ; et je viendrai vous prendre
Pour vous mener au temple, où ce fils doit m’attendra ;
Et là vous me verrez, soumis ou furieux,
Vous couronner, Madame, ou le perdre à vos yeux.
Scène VIII
Je vous l’avois prédit, qu’en dépit de la Grèce,
De votre sort encor vous seriez la maîtresse.
Hélas ! de quel effet[1] tes discours sont suivis !
Il ne me restoit plus qu’à condamner mon fils.
Madame, à votre époux c’est être assez fidèle :
Trop de vertu pourroit vous rendre criminelle.
Lui-même il porteroit votre âme à la douceur.
Quoi ? je lui donnerois Pyrrhus pour successeur ?
Ainsi le veut son fils, que les Grecs vous ravissent.
Pensez-vous qu’après tout ses mânes en rougissent ;
Qu’il méprisât, Madame, un roi victorieux
Qui vous fait remonter au rang de vos aïeux,
- ↑ Effet s’opposait au désir, à la parole : c’était le fait, l’acte où se réalisait le désir ou la parole.