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ESTHER
TRAGÉDIE
PROLOGUE
LA PIÉTÉ.
Du séjour bienheureux de la Divinité
Je descends dans ce lieu, par la Grâce habité[1].
L’Innocence s’y plait, ma compagne éternelle,
Et n’a point sous les cieux d’asile plus fidèle.
Ici, loin du tumulte, aux devoirs les plus saints
Tout un peuple naissant est formé par mes mains.
Je nourris dans son cœur la semence féconde
Des vertus dont il doit sanctifier le monde.
Un roi qui me protège[2], un roi victorieux
A commis à mes soins ce dépôt précieux.
C’est lui[3] qui rassembla ces colombes timides,
- ↑ La maison de Saint-Cyr. (Note de Racine.)
- ↑ Est-ce une allusion à la révocation encore récente de l’édit de
Nantes ? - ↑ La création de Saint-Cyr appartient tout entière à Mme de Maintenon.
Mais elle-même aimait à en reporter l’honneur sur le roi ; elle
entretenait sans cesse les jeunes filles des bienfaits du roi ; elle s’oubliait
et s’effaçait. Cela était prudent et politique.