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ACTE III




Scène PREMIÈRE

ORESTE, PYLADE.
PYLADE.

Modérez donc, Seigneur, cette fureur extrême.
Je ne vous connois plus : vous n’êtes plus vous-même.
Souffrez…

ORESTE.

Souffrez… Non, tes conseils ne sont plus de saison,
Pylade, je suis las d’écouter la raison.
C’est traîner trop longtemps ma vie et mon supplice :
Il faut que je l’enlève, ou bien que je périsse.
Le dessein en est pris, je le veux achever.
Oui, je le veux.

PYLADE.

Hé bien, il la faut enlever :
J’y consens. Mais songez cependant où vous êtes.
Que croira-t-on de vous, à voir ce que vous faites ?
Dissimulez : calmez ce transport inquiet[1] ;
Commandez à vos yeux de garder le secret.
Ces gardes, cette cour, l’air qui vous environne,

  1. Var. Faites taire, Seigneur, ce transport inquiet. (1668-76.)