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ACTE IV




Scène PREMIÈRE

ANDROMAQUE, CÉPHISE.
CÉPHISE.

Ah ! je n’en doute point : c’est votre époux, Madame,
C’est Hector qui produit ce miracle en votre âme.
Il veut que Troie encor se puisse relever
Avec cet heureux fils qu’il vous fait conserver.
Pyrrhus vous l’a promis. Vous venez de l’entendre,
Madame : il n’attendoit qu’un mot pour vous le rendre.
Croyez-en ses transports : père, sceptre, alliés,
Content de votre cœur, il met tout à vos pieds.
Sur lui, sur tout son peuple il vous rend souveraine.
Est-ce là ce vainqueur digne de tant de haine ?
Déjà contre les Grecs plein d’un noble courroux,
Le soin de votre fils le touche autant que vous
Il prévient leur fureur, il lui laisse sa garde ;
Pour ne pas l’exposer, lui-même il se hasarde[1].
Mais tout s’apprête au temple, et vous avez promis.

ANDROMAQUE.


Oui, je m’y trouverai. Mais allons voir mon fils.

.

  1. Cette imprudence de Pyrrhus a vivement choqué les contemporains : cf. la Folle querelle. Cependant elle est le seul moyen pour Racine de rester dans l’hypothèse du sujet : Excipit incautum.