Quel peril, ou plutoſt quel chagrin vous en chaſſe ?
Cet heureux temps n’eſt plus. Tout a changé de face
Depuis que ſur ces bords les Dieux ont envoyé
la fille de Minos & de Paſiphaé.
J’entens. De vos douleurs la cauſe m’eſt connuë,
Phedre icy vous chagrine, & bleſſe voſtre veuë,
Dangereuſe maraſtre, à peine elle vous vit,
Que voſtre exil d’abord ſignala ſon credit.
Mais ſa haine ſur vous autrefois attachée
Ou s’eſt évanoüie, ou s’eſt bien relâchée.
Et d’ailleurs quel peril vous peut faire courir
Une femme mourante, & qui cherche à mourir ?
Phedre atteinte d’un mal qu’elle s’obſtine à taire,
Laſſe enfin d’elle meſme, & du jour qui l’éclaire,
Peut-elle contre vous former quelques deſſeins ?
Sa vaine inimitié n’eſt pas ce que je crains,
Hippolyte en partant fuit une autre Ennemie,
Je fuis, je l’avoüray , cette jeune Aricie
Reſte d’un ſang fatal conjuré contre nous.
Quoy vous-meſme, Seigneur, la perſecutez vous ?
Jamais l’aimable Sœur des cruels Pallantides
Trempa-t-elle aux complots de ſes Freres perfides ?