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Scène VIII.

NERON, NARCISSE.


NERON.

HÉ bien de leur amour tu vois la violence,

Narciſſe, elle a paru juſques dans ſon ſilence.
Elle aime mon Rival, je ne puis l’ignorer.
Mais je mettray ma joye à le deſeſperer.
Je me fay de ſa peine une image charmante,
Et je l’ay veu douter du cœur de ſon Amante.
Je la ſuy. Mon Rival t’attend pour éclater
Par de nouveaux ſoupçons, va cours le tourmenter.
Et tandis qu’à mes yeux on le pleure, on l’adore,
Fay luy payer bien cher un bon-heur qu’il ignore.

NARCISSE, ſeul.
La fortune t’appelle une ſeconde fois,

Narciſſe, voudrois tu reſiſter à ſa voix ?
Suivons juſques au bout ſes ordres favorables,
Et pour nous rẽdre heureux perdons les miſerables.