Mais quoy ? Déja leur haine eſt égale à la mienne.
Elle eſpargne à regret l’Eſpoux d’vne Troyenne.
Parlez. Mon Ennemy ne vous peut échapper.
Ou plûtoſt, il ne faut que les laiſſer frapper.
Conduiſez, ou ſuiuez vne fureur ſi belle.
Reuenez tout couuert du ſang de l’Infidelle.
Allez, en cet eſtat ſoyez ſeûr de mon cœur.
Mais, Madame, ſongez…
Tant de raiſonnemens offenſent ma colere.
I’ay voulu vous donner les moyens de me plaire,
Rendre Oreſte content. Mais enfin je voy bien,
Qu’il veut touſiours ſe plaindre, & ne meriter rien.
Partez. Allez ailleurs vanter voſtre conſtance,
Et me laiſſez icy le ſoin de ma vangeance.
De mes laſches bontez mon courage eſt confus,
Et c’eſt trop en vn jour eſſuyer de refus.
Ie m’en vais ſeule au Temple, où leur hymen s’apreſte,
Où vous n’oſez aller meriter ma conqueſte.
Là, de mon Ennemy je ſçauray m’approcher.
Ie perceray le Cœur, que je n’ay pû toucher.
Et mes ſanglantes mains ſur moy-meſme tournées,
Auſſi-toſt, malgré luy, joindront nos deſtinées,
Et tout Ingrat qu’il eſt, il me ſera plus doux
De mourir auec luy, que de viure auec vous.
Non, je vous priueray de ce plaiſir funeſte,
Madame. Il ne mourra que de la main d’Oreſte.