Qu’il mépriſaſt, Madame, vn Roy victorieux,
Qui vous fait remonter au rang de vos Ayeux,
Qui foule aux pieds pour vous vos Vainqueurs en colere,
Qui ne ſe ſouuient plus qu’Achile eſtoit ſon Pere,
Qui dément ſes Exploits, & les rend ſuperflus ?
Dois-je les oublier, ſ’il ne s’en ſouuient plus ?
Dois-je oublier Hector priué de funerailles,
Et traiſné ſans honneur autour de nos murailles ?
Dois-je oublier ſon Pere à mes pieds renuerſé,
Enſanglantant l’Autel qu’il tenoit embraſſé ?
Songe, ſonge, Cephiſe, à cette Nuit cruelle,
Qui fut pour tout vn Peuple vne Nuit eternelle.
Figure-toy Pyrrhus les yeux étincelans,
Entrant à la lueur de nos Palais brûlans ;
Sur tous mes Freres morts ſe faiſant vn passage,
Et de ſang tout couuert échauffant le carnage.
Songe aux cris des Vainqueurs, ſonge aux cris des Mourans,
Dans la flamme étouffez, ſous le fer expirans.
Peins-toy dans ces horreurs Andromaque eſperduë.
Voila comme Pyrrhus vint s’offrir à ma veuë ;
Voila par quels exploits il ſçeût ſe couronner,
Enfin voila l’Eſpoux que tu me veux donner.
Non, je ne seray point complice de ſes crimes.
Qu’il nous prenne, s’il veut, pour dernières Victimes.
Tous mes reſſentimens luy seroient aſſeruis.
Hé bien, allons donc voir expirer voſtre Fils.