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TRAGEDIE

Faites taire, Seigneur, ce tranſport inquiet.
Commandez à vos yeux de garder le ſecret.
Ces Gardes, cette Cour, l’air qui vous enuironne,
Tout dépend de Pyrrhus, & ſur tout d’Hermionne
À ſes regards ſur tout cachez voſtre courroux.
Ô Dieux ! en cet eſtat pourquoy la cherchiez-vous ?

ORESTE.

Que ſçais-je ? De moy-meſme eſtois-je alors le maiſtre ?
La fureur m’emportoit, & ie venois peut-eſtre
Menaſſer à la fois l’Ingrate & ſon Amant.

PYLADE.

Et quel eſtoit le fruit de cet emportement ?

ORESTE.

Et quelle ame, dy-moy, ne ſeroit éperduë
Du coup dont ma raiſon vient d’eſtre confonduë ?
Il épouſe, dit-il, Hermionne demain.
Il veut pour m’honorer la tenir de ma main.
Ah ! pluſtoſt cette main dans le ſang du Barbare…

PYLADE.

Vous l’accuſez, Seigneur, de ce deſtin bizare.
Cependant tourmenté de ſes propres deſſeins,
Il eſt peut-eſtre à plaindre, autant que ie vous plains.

ORESTE.

Non, non, ie le connoy, mon deſeſpoir le flate
Sans moy, ſans mon amour, il dédaignoit l’Ingrate