Ie ſçais que de mes veux on luy promit l’empire.
Ie ſçais que pour regner elle vint dans l’Épire.
Le Sort vous y voulut l’vne & l’autre amener,
Vous pour porter des fers, Elle pour en donner.
Cependant ay-je pris quelque ſoin de luy plaire ?
Et ne diroit-on pas, en voyant au contraire,
Vos charmes tout-puiſſants, & les ſiens dédaignez,
Qu’elle eſt icy Captiue, & que vous y regnez ?
Ah ! qu’vn ſeul des ſoûpirs que mon Cœur vous enuoye,
S’il s’échapoit vers elle, y porteroit de joye !
Et pourquoy vos ſoûpirs ſeroient-ils repouſſez ?
Auroit-elle oublié vos ſeruices paſſez ?
Troye, Hector contre vous reuoltent-ils ſon Ame ?
Aux cendres d’vn Époux doit-elle enfin ſa flâme ?
Et quel Époux encore ! Ah ſouuenir cruel !
Sa mort ſeule a rendu voſtre Pere immortel.
Il doit au ſang d’Hector tout l’éclat de ſes armes,
Et vous n’eſtes tous deux connus que par mes larmes.
Hé bien, Madame, hé bien, il faut vous obéir.
Il faut vous oublier, ou plûtoſt vous haïr.
Oüy, mes vœux ont trop loin pouſſé leur violence
Pour ne plus s’arreſter que dans l’indifference.
Songez-y bien. Il faut deſormais que mon Cœur,
S’il n’aime auec tranſport, haïſſe auec fureur.
Ie n’épargneray rien dans ma juſte colere.
Le Fils me répondra des mépris de la Mere,
La Gréce le demande, & je ne prétens pas
Mettre toûjours ma gloire à ſauuer des Ingrats