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excita la curiosité de M. Pascal, et il voulut connaître plus particulièrement une maison où l’on était si fort au-dessus de l’intérêt. Il était déjà dans de grands sentiments de piété, et il y avait même deux ou trois ans que, malgré l’inclination et le génie prodigieux qu’il avait pour les mathématiques, il s’était dégoûté de ces spéculations pour ne plus s’appliquer qu’à l’étude de l’Écriture et des grandes vérités de la religion. La connaissance de Port-Royal et les grands exemples de piété qu’il y trouva le frappèrent extrêmement. Il résolut de ne plus penser uniquement qu’à son salut. Il rompit dès lors tout commerce avec les gens du monde. Il renonça même à un mariage très avantageux qu’il était sur le point de conclure, et embrassa une vie très austère et très mortifiée qu’il a continuée jusqu’à la mort. Il était fort touché du grand mérite de M. Arnauld, et avait conçu pour lui une estime qu’il trouva bientôt occasion de signaler.

Le silence que ce docteur s’était imposé sur les disputes de la grâce ne fut pas de longue durée, et il fut obligé indispensablement de le rompre par une occasion assez extraordinaire. Un prêtre de la communauté de Saint-Sulpice[1] s’avisa de refuser l’absolution à M. le duc de Liancourt, et lui déclara qu’il

  1. Picoté.