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régence par des factions qui s’élevèrent, et qu’elle craignait toujours de voir renaître. Ils prirent soin surtout de lui décrier les religieuses de Port-Royal ; et quoiqu’elles fussent encore moins instruites des disputes sur la grâce que des autres démêlés, ils ne laissaient pas de lui représenter ces saintes filles comme ayant part à toutes les factions, et comme entrant dans toutes les disputes.

M. Arnauld n’ignorait pas tout ce déchaînement des jésuites, mais il ne se donnait pas de grands mouvements pour le réprimer, persuadé que toutes ces calomnies si extravagantes se détruiraient d’elles-mêmes, et qu’il n’y avait qu’à laisser parler la vérité. Il ne songeait donc plus qu’à vivre en repos, et avait résolu de consacrer désormais ses veilles à des ouvrages qui n’eussent pour but que l’édification de l’Église, sans aucun mélange de ces contestations.

Les jésuites cependant travaillaient puissamment à établir la créance du fait, et profitaient de toutes les conjectures qui pouvaient les favoriser dans ce dessein. Le cardinal Mazarin n’avait pas d’abord été fort porté pour eux, et il était même prévenu de beaucoup d’estime pour le grand mérite de leurs adversaires. D’ailleurs, il voyait avec assez d’indifférence toutes ces contestations, et n’était pas trop fâché que les esprits en France s’échauffassent pour de semblables disputes, qui les empêchaient de se mêler d’affaires