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fication, lui avait ordonné de les mettre par écrit. Il en tomba une copie entre les mains d’une sainte carmélite, nommée la Mère Marie de Jésus, et cette Mère étant morte un mois après, on fit courir sous son nom un écrit qui avait été trouvé sur elle ; mais on sut bientôt qu’il était de la Mère Agnès. L’évêque de Langres le trouva merveilleux, et en parla avec de grands sentiments d’admiration. L’archevêque de Sens, qui en avait été fort touché d’abord, commença tout à coup à s’en dégoûter ; il le donna même à examiner à M. Duval, supérieur des Carmélites, et à quelques autres docteurs, à qui l’on ne dit point qui l’avait composé ; et les docteurs, jugeant à la rigueur certaines expressions abstraites et relevées, telles que sont à peu près celles des mystiques, le condamnèrent ; d’autres docteurs, consultés par l’évêque de Langres, l’approuvèrent avec éloge : tellement que les esprits venant à s’échauffer, et chacun écrivant pour soutenir son avis, la chose fut portée à Rome. Le pape ne trouva dans l’écrit aucune proposition digne de censure ; mais, pour le bien de la paix, et parce que ces matières n’étaient pas à la portée de tout le monde, il jugea à propos de le supprimer ; et il le fut en effet.

Entre les théologiens qui avaient écrit pour le soutenir, Jean Du Verger de Hauranne de Saint-Cyran avait fait admirer la pénétration de son esprit et la