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Ces pauvres filles n’abordaient qu’en tremblant une maison qu’elles venaient, pour ainsi dire, affamer ; mais elles y furent reçues avec une joie qui leur fit bien voir que la charité de la Mère s’était communiquée à toute la communauté.

Il était resté à Maubuisson quelques esprits qui n’avaient pu entièrement s’assujettir à la réforme. D’ailleurs Mme de Soissons, qui avait succédé à Mme d’Estrées, n’avait pas pris un fort grand soin d’y entretenir la régularité que la Mère Angélique y avait établie ; si bien que cette sainte fille ne cessait de demander à Dieu qu’il regardât cette maison avec des yeux de miséricorde. Sa prière fut exaucée.

Cette abbaye étant venue encore à vaquer au bout de quatre ans, par la mort de Mme de Soissons, le roi Louis XIII fit demander à la Mère Angélique une de ses religieuses pour l’en faire abbesse. Elle lui en proposa une qu’on appelait sœur Marie des Anges, à qui le roi donna aussitôt son brevet (1627). La plupart des personnes qui connaissaient cette fille lui trouvaient, à la vérité, une très grande douceur et une profonde humilité ; mais ils doutaient qu’elle eût toute la fermeté nécessaire pour remplir une place de cette importance. Le succès fit voir combien la Mère Angélique avait de discernement ; car cette fille si humble et si douce sut réduire en très peu de temps les esprits qui étaient demeurés les plus rebelles, rangea