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La signature de ce second formulaire fut même à quelques-unes qui avaient signé une occasion de comprendre la faute qu’elles avaient faite et de la réparer. Ainsi tout ce que fit l’archevêque pour engager ces saintes filles à signer son nouveau mandement et le formulaire d’Alexandre VII fut inutile.

Le très grand nombre tant de celles qui furent dispersées, que de celles qui demeurèrent dans leur monastère se soutint au milieu de cette violence et de cette séduction. La sagesse et le courage que montrèrent ces religieuses est un miracle de la main du Tout-Puissant qui a peu d’exemples dans l’histoire de l’Église. Elles avaient dressé diverses relations de ce qui se passa dans cette persécution ; on y voit les attaques qu’elles ont eu à soutenir, les situations étranges où se sont trouvées celles qui étaient captives dans différents couvents, les sentiments et les lumières par lesquelles Dieu les soutenait dans leur affliction. C’était par obéissance à leurs supérieures qu’elles avaient dressé ces relations, qui contiennent un portrait bien naturel de leur esprit et de leur cœur. On y trouve, avec une simplicité et une candeur inimitables, une sublimité de vues, une générosité, une sagesse, une piété, une lumière qui feraient presque douter que ce fût l’ouvrage de ces filles à ceux qui ne connaîtraient pas l’esprit de Port-Royal, et qui ne feraient pas réflexion que Dieu se plaît souvent à faire éclater