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tous les parlements et dans toutes les universités les articles de la Sorbonne sur cette matière, on en vînt à supplier le pape d’établir cette même infaillibilité dans les faits même non révélés, et d’obliger toute la France à reconnaître cette doctrine sous peine d’hérésie. Le pape envoya le formulaire tel qu’on lui demandait, c’est-à-dire tout semblable à celui des évêques, excepté que, pour en rendre la signature plus authentique, il y ajouta un serment par lequel ceux qui signaient prenaient Dieu et les Évangiles à témoin de la sincérité de leur souscription ; et ce formulaire fut inséré dans un bref que Sa Sainteté adressait au roi.

Mais ce bref étant arrivé, on s’avisa tout à coup qu’on n’en pouvait faire aucun usage, à cause que le Parlement, où on le voulait faire enregister, ne reconnaît d’autres expéditions de Rome que ce qu’on appelle des constitutions plombées. Il fallut donc renvoyer le bref, et prier le pape de le changer en une bulle. Le roi porta lui-même cette bulle au Parlement, et y joignit une déclaration, la plus foudroyante que l’on pût faire, pour obliger tout le monde à la signature. Cette déclaration enchérissait beaucoup sur la bulle : on y défendait toutes sortes d’explications et de restrictions, sous les mêmes peines qui étaient portées contre ceux qui refuseraient de souscrire. Tous les ecclésiastiques y étaient obligés par la privation de leurs bénéfices, et les évêques par la saisie de leur temporel ;