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gieuses de Port-Royal ne les virent pas plus tôt qu’elles se crurent obligées de recommencer leurs protestations, représentant que c’était à elles à se nommer des supérieures, et que ces religieuses, étant des étrangères et d’un autre institut que le leur, n’étaient point capables de les gouverner. Mais M. l’archevêque se moqua encore de leurs protestations. Ensuite il fit la visite des cloîtres et des jardins, accompagné du chevalier du guet et de tous ces autres officiers de justice qu’il avait amenés. Comme il était sur le point de sortir, les religieuses se jetèrent de nouveau à ses pieds, pour le conjurer de permettre au moins qu’elles cherchassent dans la participation des sacrements la seule consolation qu’elles pouvaient trouver sur la terre ; mais il leur fit réponse qu’avant toutes choses il fallait signer, leur donnant à entendre que, jusqu’à ce qu’elles l’eussent fait, elles étaient excommuniées. Cependant, comme si Dieu l’eût voulu démentir par sa propre bouche, en les quittant, il se recommanda avec instance à leurs prières.

Quoique les religieuses ne fussent guère en état d’espérer aucune justice de la part des hommes, elles se crurent néanmoins obligées, pour leur propre réputation, et pour empêcher autant qu’elles pourraient la ruine de leur monastère, d’appeler comme d’abus de toute la procédure de M. l’archevêque. À la vérité, il n’y en eut jamais de moins régulière ni de plus in-