Page:Racine - Abrégé de l’histoire de Port-Royal, éd. Gazier, 2e éd.djvu/195

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

firent paraître quantité d’écrits, où ils montraient invinciblement que l’Église ni les papes n’étant point infaillibles sur les faits non révélés ! on n’était pas plus obligé de croire ces faits de foi divine que de foi humaine ; et qu’en un mot, personne n’étant obligé de croire de foi humaine que les cinq propositions fussent dans Jansénius, ceux qui n’étaient pas persuadés qu’elles y fussent ne pouvaient, sans blesser leur conscience et sans rendre un faux témoignage, reconnaître qu’elles y étaient, c’est-à-dire signer le formulaire.

Et, à dire vrai, si les défenseurs de la grâce s’étaient un peu moins attachés aux règles étroites de leur dialectique et à la sévérité de leur morale, il était aisé de voir que, par cette foi humaine, l’archevêque n’exigeait guère autre chose d’eux que cette même soumission de respect et de discipline qu’ils avaient tant de fois offerte. Mais ils voulaient qu’il le dît en termes précis ; et ni l’archevêque ne voulait entièrement s’expliquer là-dessus, ni les défenseurs de Jansénius entièrement l’entendre.

Celles pour qui l’ordonnance avait été faite, et qui s’accommodaient le moins de ces distinctions, c’étaient les religieuses de Port-Royal, persuadées qu’il ne fallait point biaiser avec Dieu, et qu’on ne pouvait trop nettement dire sa pensée. L’archevêque se flattait pourtant de les réduire. Aussitôt après la publication de son ordonnance, il s’était transporté