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convertir les arrêts de son Conseil, qui ordonnaient cette signature, en une déclaration authentique. En effet, peu de jours après, le roi apporta lui-même au Parlement cette déclaration : on la fit publier dans toutes les provinces du royaume ; mais on songea surtout à la faire exécuter dans le diocèse de Paris.

Hardouin de Péréfixe avait tout nouvellement reçu ses bulles, et venait d’y être installé archevêque. C’était un prélat beaucoup plus instruit des affaires de la cour que des affaires ecclésiastiques, mais au fond très bon homme, fort ami de la paix, et qui eût bien voulu, en contentant les jésuites, ne point s’attirer les défenseurs de Jansénius sur les bras. Il chercha donc des biais pour satisfaire les uns et les autres, et entra même sur cela en quelques pourparlers avec ces derniers. La dispute, comme nous avons dit, avait alors changé de face ; l’opinion de M. de Marca sur l’inséparabilité du fait et du droit avait été en quelque sorte abandonnée, et on convenait que c’était un fait dont il était question. Mais les ennemis de Jansénius persistaient à soutenir que l’Église, en quelques occasions, pouvait ordonner la créance des faits, même non révélés, et obliger les fidèles, non seulement à condamner les erreurs enseignées par les hérétiques, mais à reconnaître que ces hérétiques les avaient enseignées. Quelques-uns même osaient encore avancer qu’on devait croire, de foi intérieure et divine, les faits décidés