Page:Racine - Abrégé de l’histoire de Port-Royal, éd. Gazier, 2e éd.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

protester contre cet arrêt, et l’un d’entre eux eut l’audace de reprocher à la Faculté que, sans leur grand nombre, on ne serait jamais venu à bout de condamner les jansénistes. Le roi publia une déclaration par laquelle il ordonnait que les six articles seraient enregistrés dans tous les parlements et dans toutes les universités du royaume, avec défense d’enseigner d’autre doctrine que celle qui y était contenue. Ils le firent sans aucune opposition. Il y eut seulement un jésuite à Bordeaux, nommé le père Camin, qui se démena fort pour empêcher l’Université de cette ville de les recevoir. Quelque remontrance que le recteur lui pût faire, il persista toujours dans son opposition ; et il est marqué au bas de l’acte d’enregistrement que le père Camin a refusé de le signer.

Ce jésuite ne faisait que suivre en cela l’esprit de sa compagnie. Car dans le même temps que l’on prenait en France ces précautions contre les entreprises des ultramontains, les jésuites du collège de Clermont, à l’occasion d’une thèse de mathématique, soutinrent publiquement une proposition où ils donnaient en quelque sorte au tribunal de l’Inquisition la même infaillibilité qu’ils avaient donnée au pape dans leur thèse du… décembre 1661[1] ; et ce qu’il y eut de singulier, c’est qu’ils firent soutenir cette dernière thèse

  1. On voit dans les Mémoires d’Hermant, livre XXVII, ch. 12, que la thèse était du 12 décembre.