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d’avoir saint François de Sales pour directeur, et la bienheureuse Mère de Chantai pour intime amie. Elle rappelait ensuite toutes les calomnies dont on l’avait déchirée et ses religieuses ; la protection que leur innocence avait trouvée auprès de feu M. de Gondy, leur archevêque et leur supérieur, et les censures dont il avait flétri les infâmes libelles de leurs accusateurs, qui n’avaient pas laissé de continuer leurs impostures. Elle rapportait les témoignages que ce prélat, et tous les supérieurs qu’il leur avait donnés, avaient rendus de la pureté de leur foi, de leur soumission au pape et à l’Église, et de l’entière ignorance où on les avait toujours entretenues touchant les matières contestées : jusque-là qu’on ne leur laissait pas lire le livre de la Fréquente communion à cause des disputes auxquelles il avait donné occasion. Elle faisait souvenir la reine de la manière miraculeuse dont Dieu s’était déclaré pour elles, et la suppliait enfin de leur accorder la même protection que Philippe second, roi d’Espagne, son aïeul, avait accordée à sainte Thérèse, qui, malgré son éminente sainteté, s’était vue calomniée aussi bien que les Pères de son ordre, et noircie auprès du pape par les mêmes accusations d’hérésie dont on chargeait les religieuses de Port-Royal et leurs directeurs.

La Mère Angélique dicta cette lettre à plusieurs