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NOTICE.


Athalie fut, comme Esther, écrite pour la maison de Saint-Louis. Racine commença très-probablement à s’occuper de la seconde de ses tragédies sacrées fort peu de temps après les brillantes représentations d’Esther, que Saint-Cyr avait données pendant le carnaval de 1689. Il nous semble qu’on peut le conclure des paroles de Mme de Caylus, lorsqu’immédiatement après avoir parlé de ces représentations, elle ajoute : « Ce grand succès mit Racine en goût : il voulut composer une autre pièce, et le sujet d’Athalie, c’est-à-dire la mort de cette reine et la reconnoissance de Joas, lui parut le plus beau de tous ceux qu’il pouvoit tirer de l’Écriture sainte. Il y travailla sans perdre de temps ; et l’hiver d’après (l’hiver de 1690-1691), cette nouvelle pièce se trouva en état d’être représentée[1]. » Un an et quelques mois suffirent donc à Racine pour la composition d'Athalie. Son œuvre était sans doute achevée lorsqu’il en lut des fragments, au mois de novembre 1690, chez le marquis de Chandenier ; et il paraît que, même avant cette date, elle était connue de quelques personnes. Il n’est pas sans intérêt de recueillir les sentiments d’admiration que la lecture du nouveau chef-d’œuvre, faite à des auditeurs privilégiés, donna lieu d’exprimer à un homme de beaucoup d’esprit, ami d’ailleurs de Port-Royal, comme Racine, et par là bien préparé à entrer dans la pensée religieuse du poëte. Voici ce qu’écrivait Duguet[2]

  1. Souvenirs de Mme de Caylus, p. 455.
  2. La lettre de Duguet est citée dans le Port-Royal de M. Sainte-Beuve, tome V, p. 389. On la trouve au tome VI de la Correspondance de Duguet, publiée sous le titre de : Lettres sur divers sujets de morale et de piété, 10 volumes in-12. Le tome VI a été imprimé