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ACTE III, SCÈNE VI.

Scène VI.

PYRRHUS, ANDROMAQUE, PHŒNIX, CÉPHISE.
PYRRHUS, à Phœnix[1].

890Mais lui-même il vous cherche.Où donc est la princesse ?
Ne m’avois-tu pas dit qu’elle étoit en ces lieux ?

PHŒNIX.

Je le croyois.

ANDROMAQUE,, à Céphise.

Je le croyois.Tu vois le pouvoir de mes yeux[2].

PYRRHUS.

Que dit-elle, Phœnix ?

ANDROMAQUE.

Que dit-elle, Phœnix ?Hélas ! tout m’abandonne.

PHŒNIX.

Allons, Seigneur, marchons sur les pas d’Hermione.

CÉPHISE.

895Qu’attendez-vous ? rompez ce silence obstiné[3].

ANDROMAQUE.

Il a promis mon fils.

CÉPHISE.

Il a promis mon fils.Il ne l’a pas donné.

  1. Var. PYRRHUS, à Phœnix, dans le fond du théâtre. (1736)
  2. Luneau de Boisjermain dit dans son commentaire : « Ce vers ne peut échapper à Andromaque que par un mouvement de coquetterie, indigne égarement de son caractère et de la tragédie. » La Harpe relève avec raison la singulière erreur de cette remarque : « C’est, dit-il, avec l’accent et l’intention d’une ironie plaintive qu’Andromaque dit : « Voilà donc ce prétendu pouvoir de mes yeux ! tu vois ce que je peux espérer. » Il est à croire que les comédiens ont fait quelquefois le même contre-sens que Luneau de Boisjermain, puisque la Harpe ajoute : « Je n’ai jamais douté qu’une mauvaise tradition n’ait fait perdre le sens naturel de ce vers. »
  3. Var. Qu’attendez-vous ? forcez ce silence obstiné. (1668-87)