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ACTE I, SCÈNE I.

Il la viendra presser de reprendre son cœur.
Mais je l’ai vue enfin me confier ses larmes.
130Elle pleure en secret le mépris de ses charmes.
Toujours prête à partir, et demeurant toujours,
Quelquefois elle appelle Oreste à son secours.

ORESTE.

Ah ! si je le croyois, j’irois bientôt, Pylade,
Me jeter…

PYLADE.

Me jeter…Achevez, Seigneur, votre ambassade.
135Vous attendez le Roi. Parlez, et lui montrez
Contre le fils d’Hector tous les Grecs conjurés.
Loin de leur accorder ce fils de sa maîtresse,
Leur haine ne fera qu’irriter sa tendresse.
Plus on les veut brouiller, plus on va les unir.
140Pressez : demandez tout, pour ne rien obtenir.
Il vient.

ORESTE.

Il vient.Hé bien ! va donc disposer la cruelle
À revoir un amant qui ne vient que pour elle.


Scène II.

PYRRHUS, ORESTE, PHŒNIX.
ORESTE.

Avant que tous les Grecs vous parlent par ma voix[1],
Souffrez que j’ose ici me flatter de leur choix[2]

  1. · · · · · · · Graiorum omnium
    Procerumque vox est · · · · · ·

    (Troyennes de Sénèque, vers 527 et 528.)
  2. Var. Souffrez que je me flatte en secret de leur choix(a). (1668 et 73)

    « Cet en secret est un beau galimatias. » (Subligny, Préface de la Folle querelle.)