Non, je vous priverai de ce plaisir funeste,
Madame : il ne mourra que de la main d’Oreste.
Vos ennemis par moi vont vous être immolés[1],
Et vous reconnoîtrez mes soins, si vous voulez[2].
Allez. De votre sort laissez-moi la conduite,
Et que tous vos vaisseaux soient prêts pour notre fuite[3].
Scène IV.
Vous vous perdez, Madame ; et vous devez songer…
Que je me perde ou non, je songe à me venger.
Je ne sais même encor, quoi qu’il m’ait pu promettre,
Sur d’autres que sur moi si je dois m’en remettre.
Pyrrhus n’est pas coupable à ses yeux comme aux miens,
Et je tiendrois mes coups bien plus sûrs que les siens.
Quel plaisir de venger moi-même mon injure,
De retirer mon bras teint du sang du parjure,
Et pour rendre sa peine et mes plaisirs plus grands,
- ↑ Les éditions de 1702, 1722 et 1750 ont :
Vos ennemis par moi vous vont être immolés.
- ↑ Entre ce vers et le suivant on lit dans les éditions de 1668 à 1676 :
Mais que dis-je ? ah ! plutôt permettez que j’espère.
Excusez un amant que trouble sa misère,
Qui tout prêt d’être heureux, envie encor le sort
D’un ingrat, condamné par vous-même à la mort. - ↑ On peut comparer cette scène avec la scène i de l’acte II de Pertharite. « Eduïge, dit Voltaire, est avec son Garibalde précisément dans la même situation qu’Oreste avec Hermione. » Voltaire marque aussi quelques ressemblances entre la même scène de Pertharite et la scène ii de l’acte II dans Andromaque.