demander si désormais toute confrontation avec les manuscrits
n’était pas superflue ; on n’en devait tout au plus
attendre que des résultats assez insignifiants.
Le texte des œuvres de Racine, soit en prose, soit en
vers, passant donc pour ne pas demander de soin nouveau
qui en valût la peine, v avait-il, d’un autre côté, l’espérance
qu’il aurait échappé jusqu’ici aux recherches quelque
poésie inédite, quelque fragment de prose ? N’avait-on
pas déjà publié tout ce que pouvaient désirer les plus
exigeants ? On n’avait pas négligé les premiers vers mêmes
de la jeunesse du poëte. Parmi ses écrits en prose on
avait donné jusqu’à ses brouillons d’écolier, et, sous le
titre de Fragments historiques, les notes qu’il prenait,
les passages qu’il ne faisait que transcrire en lisant divers
historiens.
Nous n’avons pu nous dissimuler que beaucoup de lecteurs de cette nouvelle édition ne l’ouvriraient pas sans être préoccupés de quelques réflexions semblables. Nous avons cependant la confiance qu’après examen ils ne croiront pas que notre travail ait été peine perdue. Nous voudrions donner ici quelque idée de son utilité, de sa nécessité, sans mériter le reproche de chercher à déprécier celui des éditions qui ont précédé la nôtre. Il faut toujours s’avouer redevable à ceux qui nous ont frayé la voie. Les bonnes éditions se font peu à peu et par des efforts successifs. Un éditeur nouveau profite de ce qu’ont fait ses devanciers ; ceux-ci ont quelquefois puisé à des sources qu’il trouve fermées ; ils ont eu des moyens d’information qu’il n’a plus. Mais en les recueillant, chez eux, c’est à lui de faire usage en même temps de ceux qui peu-