ACTE I, SCENE II. 91
BURRHRS.
Burrrhus pour le mensonge eut toujours trop d'horreur.
AGRIPPINE.
Prétendez-vous long-temps me cacher l'empereur?
Ne le verrai-je plus qu'à titre d'importune?
Ai-je donc élevé si haut votre fortune
Pour mettre une barrière entre mon fils et moi?
Ne l'osez-vous laisser un moment sur ma foi?
Entre Sénèque et vous disputez-vous la gloire
A qui m'effacera plus tôt de sa mémoire ?
Vous l'ai-je confié pour en faire un ingrat,
Pour être, sous son nom, les maîtres de l'état?
Certes, plus je médite, et moins je me figure
Que vous m'osiez compter pour votre créature;
Vous, dont j'ai pu laisser vieillir l'ambition
Dans les honneurs obscurs de quelque légion;
Et moi , qui sur le trône ai suivi mes ancêtres,
Moi fille, femme , sœur et mère de vos maîtres !
Que prétendez-vous donc? Pensez-vous que ma voi\
Ait fait un empereur pour m'en imposer trois?
Néron n'est plus enfant : n'est-il pas temps qu'il règne?
Jusqu'à quand voulez-vous que l'empereur vous craigne?
Ne-sauroit-il rien voir qu'il n'emprunte vos veux ?
Pour se conduire enfin n'a-t-il pas ses aïeux ?
Qu'il choisisse , s'il veut , d'Auguste ou de Tibère ;
Qu'il imite, s'il peut, Germanicus mon père.
Parmi tant de héros je n'ose me placer;
Mais il est des vertus que je lui puis tracer :
Je puis l'instruire au moins combien sa confidence
Entre un sujet et lui doit laisser de distance.
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