86 BR1TANNICUS.
Vous qui , déshéritant le fils de Claudius , Avez nommé césar l'heureux Domitius? Tout lui parle, madame, en faveur d'Agrippine : 11 vous doit son amour.
AGRIPPINE.
Il me le doit, Albine : Tout, s'il est généreux, lui prescrit cette loi; Mais tout, s'il est ingrat, lui parle contre moi.
ALBINE.
S'il est ingrat, madame? Ah! toute sa conduite Marque dans son devoir une âme trop instruite. Depuis trois ans entiers , qu'a-t-il dit, qu'a-t-il fait Qui ne promette à Rome un empereur parfait? Rome, depuis trois ans par ses soins gouvernée , Au temps de ses consuls croit être retournée : 11 la gouverne en père. Enfin, Néron naissant A toutes les vertus d'Auguste vieillissant.
AGRIPPINE.
Non , non, mon intérêt ne me rend point injuste. Il commence, il est vrai, par où finit Auguste ; Mais crains que, l'avenir détruisant le passé, Il ne finisse ainsi qu'Auguste a commencé. 11 se déguise en vain ; je lis sur son visage Des fiers Domitius l'humeur triste et sauvage : 11 mêle avec l'orgueil qu'il a pris dans leur sang La fierté des Nérons qu'il puisa dans mon flanc. Toujours la tyrannie a d'heureuses prémices : De Rome, pour un temps, Caïus fut les délices; Mais, sa feinte bonté se tournant en fureur, I es délices de Rome en devinrent l'horreur.
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