2 5o BÉRÉNICE.
A son dernier excès est enfin parvenue :
Je ressens tous les maux que je puis ressentir.
Mais je vois le chemin par où j'en puis sortir.
Ne vous attendez point que, las de tant d'alarmes,
Par un heureux hymen je tarisse vos larmes :
En quelque extrémité que vous m'ayez réduit,
Ma gloire inexorable à toute heure me suit;
Sans cesse elle présente à mon ame étonnée
L'empire incompatible avec votre hyménée,
Me dit qu'après l'éclat et les pas que j'ai faits
Je dois vous épouser encor moins que jamais.
Oui, madame, et je dois moins encore vous dire
Que je suis prêt pour vous d'abandonner l'empire ,
De vous suivre, et d'aller, trop content de mes fers,
Soupirer avec vous au bout de l'univers :
Vous-même rougiriez de ma lâche cc.iduite :
Vous verriez à regret marcher à votre suite
Un indigne empereur sans empire , sans cour ,
Vil spectacle aux humains des foiblesses d'amour.
Pour sortir des tourmens dont mon ame est la proie,
Il est , vous le savez, une plus noble voie ;
Je me suis vu , madame , enseigner ce chemin
Et par plus d'un héros et par plus d'un Romain :
Lorsque trop de malheurs ont lassé leur constance,
Ils ont tous expliqué cette persévérance
Dont le sort s'attachoit à les persécuter
Comme un ordre secret de n'y plus résister.
Si vos pleurs plus long-temps viennent frapper ma vue ,
Si toujours à mourir je vous vois résolue,
S'il faut qu'à tous momens je tremble pour vos jours,
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