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23* BÉRÉNICE.

BÉRÉNICE.

Ah , cruel ! est-il temps de me le déclarer ? Qu'avez-vous fait? Hélas! je me suis crue aimée; Au plaisir de vous voir mon ame accoutumée Ne vit plus que pour vous : ignoriez-vous vos lois Quand je vous l'avouai pour la première fois? A quel excès d'amour m'avez-vous amenée! Que ne me disiez-vous : « Princesse infortunée, » Où vas-tu t'engager, et quel est ton espoir? » Ne donne point un cœur qu'on ne peut recevoir. » Ne l'avez-vous reçu, cruel, que pour le rendre Quand de vos seules mains ce cœur voudroit dépendre? Tout l'empire a vingt fois conspiré contre nous : Il étoit temps encor; que ne me quittiez-vous? Mille raisons alors consoloient ma misère : Je pouvois de ma mort accuser votre père, Le peuple, le sénat, tout l'empire romain, Tout l'univers, plutôt qu'une si chère main. Leur haine, dès long-temps contre moi déclarée, M'avoit à mon malheur dès long-temps préparée. Je n'aurois pas, seigneur, reçu ce coup cruel Dans le temps que j'espère un bonheur immortel , Quand votre heureux amour peut tout ce qu'il désire, Lorsque Rome se tait, quand votre père expire, Lorsque tout l'univers fléchit à vos genoux, Enfin quand je n'ai plus à redouter que vous.

TITUS.

Et c'est moi seul aussi qui pouvois me détruire. Je pouvois vivre alors et me laisser séduire; Mon cœur se gardoit bien d'aller dans l'avenir

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