ACTE IT, SCENE V. j33
Ne tardons plus : faisons ce que l'honneur exige ; Rompons le seul lien...
SCÈNE V.
BÉRÉNICE, TITUS.
Bérénice , en sortant de son appartement.
Non , laissez-moi , vous dis-je. En vain tous vos conseils me retiennent ici; Il faut que je le voie... Ah, seigneur, vous voici! Hé bien, il est donc vrai que Titus m'abandonne ! Il faut nous séparer! et c'est lui qui l'ordonne!
TITUS.
N'accablez point, madame, un prince malheureux. Il ne faut point ici nous attendrir tous deux. Un trouble assez cruel m'agite et me dévore, Sans que des pleurs si chers me déchirent encore. Rappelez bien plutôt ce cœur qui tant de fois M'a fait de mon devoir reconnoître la voix : Il en est temps. Forcez votre amour à se taire ; Et d'un oeil que la gloire et la raison éclaire Contemplez mon devoir dans toute sa rigueur. Vous-même contre vous fortifiez mon cœur; Aidez-moi, s'il se peut, à vaincre ma foiblesse, A retenir des pleurs qui m'échappent sans cesse : Ou, si nous ne pouvons commander à nos pleurs , Que la gloire du moins soutienne nos douleurs; Et que tout l'univers reconnoisse sans peine Les pleurs d'un empereur et les pleurs d'une reine. Car enfin, ma princesse, il faut nous séparer.
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