j3 2 BÉRÉNICE.
Rome peut par son choix justifier le mien :
Non, non, encore un coup, ne précipitons rien.
Que Rome avec ses lois mette dans la balance
Tant de pleurs, tant d'amour, tant de persévérance ;
Rome sera pour nous... Titus, ouvre les yeux :
Quel air respires-tu? N'es-tu pas dans ces lieux
Où la haine des rois , avec le lait sucée,
Par crainte ou par amour ne peut être effacée ?
Rome jugea ta reine en condamnant ses rois.
N'as-tu pas en naissant reconnu cette voix ?
Et n'as-tu pas encore ouï la renommée
T'annoncer ton devoir jusque dans ton armée?
Et , lorsque Bérénice arriva sur tes pas ,
Ce que Rome en jugeoit ne l'entendis-tu pas?
Faut-il donc tant de fois te le faire redire?
Ah , lâche! fais l'amour, et renonce à l'empire ;
Au bout de l'univers va, cours te confiner,
Et fais place à des cœurs plus dignes de régner.
Sont-ce là ces projets de grandeur et de gloire
Qui dévoient dans les coeurs consacrer ma mémoire?
Depuis huit jours je règne, et jusques à ce jour
Qu'ai-je fait pour l'honneur?J'ai tout fait pour l'amour.
D'un temps si précieux quel compte puis-je rendre?
Où sont ces heureux jours que je faisois attendre?
Quels pleurs ai-je séchés? dans quels yeux satisfaits
Ai-je déjà goûté le fruit de mes bienfaits?
L'univers a-t-il vu changer ses destinées?
Sais-je combien le ciel m'a compté de journées?
Et de ce peu de jours, si long-temps attendus,
Ah, malheureux ! combien j'en ai déjà perdus;
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