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ACTE III, SCENE I. 217

Elle l'attend, seigneur, avec impatience. Je réponds , en partant , de son obéissance ; Et même elle m'a dit que, prêt à l'épouser, Vous ne la verrez plus que pour l'y disposer.

TITUS.

Ah ! qu'un aveu si doux auroit lieu de me plaire! Que je serois heureux si j'avois à le faire! Mes transports aujourd'hui s'attendoient d'éclater; Cependant aujourd'hui, prince, il faut la quitter.

ANTIOCHUS.

La quitter! Vous, seigneur?

TITUS .

Telle est ma destinée : Pour elle et pour Titus il n'est plus d'hyménée. D'un espoir si charmant je me flattois en vain : Prince, il faut avec vous qu'elle parte demain.

ANTIOCHUS.

Qu'entends-je? O ciel!

TITUS.

Plaignez ma grandeur importune: Maître de l'univers, je règle sa fortune; Je puis faire les rois, je puis les déposer; Cependant de mon cœur je ne puis disposer. Rome, contre les rois de tout temps soulevée, Dédaigne une beauté dans la pourpre élevée: L'éclat du diadème, et cent rois pour aïeux, Déshonorent ma flamme et blessent tous les yeux. Mon cœur,libre d'ailleurs, isans craindre les murmures, Peut brûler à son choix dans des flammes obscures : Et, Rome avec plaisir recevroit de ma main

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