ACTE II, SCENE V. 2 i3
Mais ne s'offre-t-il rien à votre souvenir Qui contre vous , madame, ait pu le prévenir? Voyez , examinez.
BÉRÉNICE.
Hélas! tu peux m'en croire; Plus je veux du passé rappeler la mémoire', Du jour que je le vis, jusqu'à ce triste jour, Plus je vois qu'on me peut reprocher trop d'amour. Mais tu nous entendois. Il ne faut rien me taire; Parle. N'ai-je rien dit qui lui puisse déplaire? Que sais-je? j'ai peut-être avec trop de chaleur Rabaissé ses préser.s, ou blâmé sa douleur. N'est-ce point que de Rome il redoute la haine? Il craint peut-être, il craint d'épouser une reine. Hélas! s'il étoit vrai... Mais non, il a cent fois Rassuré mon amour contre leurs dures lois ; Cent fois... Ah! qu'il m'explique un silence si rude : Je ne respire pas dans cette incertitude. Moi, je vivrois, Phénice, et je pourrois penser Qu'il me néglige, ou bien que j'ai pu l'offenser? Retournons sur ses pas. Mais , quand je m'examine, Je crois de ce désordre entrevoir l'origine. Phénice, il aura su tout ce qui s'est passé : L'amour d'Antiochus l'a peut-être offensé. Il attend, m'a-t-on dit, le roi de Comagène. Ne cherchons point ailleurs le sujet de ma peine. Sans doute, ce chagrin qui vient de m'alarmer N'est qu'un léger soupçon facile à désarmer. Je ne te vante point cette foible victoire , Titus: ah! plût au ciel que, sans blesser la gloire,
TOME II. IG
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