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i4 LES PLACEURS.

Souffrez que la raison enfin vous persuade; Et pour votre santé...

DANDIN.

Je veux être malade.

LÉAKDRE.

Vous ne l'êtes que trop. Donnez-vous du repos: Vous n'avez tantôt plus que la peau sur les os.

DANDIN.

Du repos? Ah! sur toi tu veux régler ton père? Crois-tu qu'un juge n'ait qu'à faire bonne clière, Qu'à battre le pavé comme un tas de gai ans, Courir le bal la nuit, et le jour les brelans? L'argent ne nous vient pas si vite que l'on pense. Chacun de tes rubans me coûte une sentence. Ma robe vous fait honte. Un fils de juge ! Ah , fi ! Tu fais le gentilhomme : hé! Dandin, mon ami, Regarde dans ma chambre et dans ma garde-robe Les portraits des Dandins : tous ont porté la robe. Et c'est le bon parti. Compare prix pour prix Les étrennes d'un juge à celles d'un marquis : Attends que nous soyons à la fin de décembre. Qu'est-cequ'ungentilhomme?un pilier d'antichambre. Combien en as-tu vu, je dis des plus huppés, A souffler dans leurs doigts dans ma cour occupés , Le manteau sur le nez, ou la main dans la poche; Enfin, pour se chauffer, venir tourner ma broche! Voilà comme on les traite. Hé! mon pauvre garçon , De ta défunte mère est-ce là la leçon? La pauvre Babonnette ! Hélas! lorsque j'y pense, Elle ne manquoit pas une seule audience.

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