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ACTE II, SCENE IL 307

Et qu'un héros vainqueur de tant de nations Sauroit bien tôt ou tard vaincre ses passions.

TITUS.

Ah ! que sous de beaux noms cette gloire est cruelle ! Combien mes tristes yeux la trouveroient plus belle, S'il ne falloit encor qu'affronter le trépas! Que dis-je? cette ardeur que j'ai pour ses appas , Bérénice en mon sein l'a jadis allumée. Tu ne l'ignores pas : toujours la renommée Avec le même éclat n'a pas semé mon nom ; Ma jeunesse, nourrie à la cour de Néron, S'égaroit , cher Paulin, par l'exemple abusée, Et suivoit du plaisir la pente trop aisée. Bérénice me plut. Que ne fait point un cœur Pour plaire à ce qu'il aime, et gagner son vainqueur? Je prodiguai mon sang : tout fit place à mes armes : Je revins triomphant. Mais le sang et les larmes Ne me suffisoient pas pour mériter ses vœux : J'entrepris le bonheur de mille malheureux. On vit de toutes parts mes bontés se répandre; Heureux, et plus heureux que tune peux comprendre, Quand je pouvois paroître à ses yeux satisfaits Chargé de mille cœurs conquis par mes bienfaits ! Je lui dois tout, Paulin. Récompense cruelle! Tout ce que je lui dois va retomber sur elle : Pour prix de tant de gloire et de tant de vertus, Je lui dirai : Partez, et ne me voyez plus.

PATJLUJ.

Eh quoi , seigneur! eh quoi ! cette magnificence Qui va jusqu'à l'Euphrate étendre sa puissance,

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