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ACTE II, SCÈNE II. »o

Et quoiqu'à ses Césars fidèle, obéissante, Cette haine, seigneur, reste de sa fierté, Survit dans tous les cœurs après la liberté. J ules , qui le premier la soumit à ses armes, Qui fit taire les lois dans le bruit des alarmes. Brûla pour Cléopâtre; et, sans se déclarer, Seule dans l'Orient la laissa soupirer. Antoine, qui l'aima jusqu'à l'idolâtrie, Oublia dans son sein sa gloire et sa patrie, Sans oser toutefois se nommer son époux : Rome l'alla chercher jusques à ses genoux, Et ne dé arma point sa fureur vengeresse Qu'elle n'eût accablé l'amant et la maîtresse. Depuis ce temps, seigneur, Caligula, Néron, Monstres, dont à regret je cite ici le nom, Et qui ne conservant que la figure d'homme , Foulèrent à leurs pieds toutes les lois de Rome, Ont craint cette loi seule, et n'ont point à nos yeux Allumé le flambeau d'un hymen odieux. Vous m'avez commandé surtout d'être sincère. De l'affranchi Pallas nous avons vu le frère, Des fers de Claudius Félix encor flétri, De deux reines, seigneur, devenir le mari; Et , s'il faut jusqu'au bout que je vous obéisse , Ces deux reines étoient du sang de Bérénice. Et vous croiriez pouvoir, sans blesser nos regards, Faire entrer une reine au lit de nos Césars, Tandis que l'Orient dans le lit de ses reines Voit passer un esclave au sortir de nos chaînes ! C'est ce que les Romains pensent de votre amour :

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