ACTE I, SCÈNE IV. i<>
Quoique attendu, madame, à l'empire du monde, Chéri de l'univers, enfin aimé de vous, Il sembloit à lui seul appeler tous les coups; Tandis que, sans espoir, haï, lassé de vivre, Son malheureux rival ne sembloit que le suivre. Je vois que votre cœur m'applaudit en secret ; Je vois que l'on m'écoute avec moins de regret , Et que, trop attentive à ce récit funeste, En faveur de Titus vous pardonnez le reste. Enfin, après un siège aussi cruel que lent, Il dompta les mutins, reste pâle et sanglant Des flammes, de la faim , des fureurs intestines, Et laissa leurs remparts cachés sous leurs ruines : Rome vous vit, madame, arriver avec lui. Dans l'Orient désert quel devint mon ennui ! Je demeurai long-temps errant dans Césarée, Lieux charmans, où mon cœur vous avoit adorée . Je vous redemandons à vos tristes états; Je cherchois, en pleurant, les traces de vos pas. Mais enfin , succombant à ma mélancolie , Mon désespoir tourna mes pas vers l'Italie : Le sort m'y réservoit le dernier de ses coups. Titus en m'embrassant m'amena devant vous : Un voile d'amitié vous trompa l'un et l'autre, Et mon amour devint le confident du votre. Mais toujours quelque espoir flattoit mes déplaisirs : Rome, Vespasien, traversoient vos soupirs; Après tant de combats Titus cédoit peut-être. Vespasien est mort, et Titus est le maître. Que ne fuyois-je alors! J'ai voulu quelques jours
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