i58 BRITANNICUS.
AGRIPPIKE.
Quoi ! du sang de son frère il n'a point eu d'horreur !
BURRHUS.
Ce dessein s'est conduit avec plus de mystère.
A peine l'empereur a vu venir son frère ,
Il se lève, il l'embrasse, on se tait; et soudain
César prend le premier une coupe à la main :
« Pour achever ce jour sous de meilleurs auspices ,
» Ma main de cette coupe épanche les prémices ,
» Dit-il : Dieux , que j'appelle à cette effusion ,
» Venez favoriser notre réunion. »
Par les mêmes sermens Britannicus se lie.
La coupe dans ses mains par Narcisse et remplie :
Mais ses lèvres a peine en ont touché les bords ,
Le fer ne produit point de si puissans efforts,
Madame ; la lumière à ses yeux est ravie,
Il tombe sur son lit saus chaleur et sans vie.
Jugez combien ce coup frappe tous les esprits :
La moitié s'épouvante et sort avec des cris;
Mais ceux qui de la cour ont un plus long usage
Sur les yeux de César composent leur visage.
Cependant sur son lit il demeure penché,
D'aucun étonnement il ne paroît touché :
« Ce mal dont vous craignez, dit-il, la violence
» A souvent sans péril attaqué son enfance. »
Narcisse veut en vain affecter quelque ennui ,
Et sa perfide joie éclate malgré lui.
Pour moi, dût l'empereur punir ma hardiesse,
D'une odieuse cour j'ai traversé la presse ;
Et j'allois, accablé de cet assassinat,
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