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i48 BRITANNICUS.

On verroit succéder un silence modeste ;

Que vous-même à la paix souscririez le premier.

Heureux que sa bouté daignât tout oublier.

NÉRON.

Mais, Narcisse, dis-moi, que veux-tu que je fasse? Je n'ai que trop de pente à punir son audace; Et, si je m'en croyois, ce triomphe indiscret Seroit bientôt suivi d'un éternel regret. Mais de tout l'univers quel sera le langage? Sur les pas des tyrans veux-tu que je m'engage, Et que Rome , effaçant tant de titres d'honneur, Me laisse pour tous noms celui d'empoisonneur? Ils mettront ma vengeance au rang des parricides.

NARCISSE.

Hé! prenez-vous, seigneur, leurs caprices pour guides? Avez-vous prétendu qu'ils se tairoient toujours? Est-ce à vous de prêter l'oreille à leurs discours? De vos propres désirs perdrez-vous la mémoire? Et serez-vous le seul que vous n'oserez croire? Mais, seigneur, les Romains ne vous sont pas connus; Non, non : dans leurs discours ils sont plus retenus. Tant de précaution affoiblit votre règne : Ils croiront, en effet, mériter qu'on les craigne. Au joug, depuis long temps, ils se sont façonnés; Ils adorent la main qui les tient enchaînés. Vous les verrez toujours ardens à vous complaire : Leur prompte servitude a fatigué Tibère. Moi-même , revêtu d'un pouvoir emprunté Que je reçus de Claude avec la liberté, J'ai cent fois, dans le cours de ma gloire passée,

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